Le changement climatique transforme profondément nos écosystèmes, et les pépinières, maillon essentiel de la filière végétale, sont en première ligne. Sécheresses plus fréquentes, épisodes de chaleur extrême, précipitations imprévisibles : autant de défis qui obligent les professionnels du végétal à repenser leurs méthodes de production. L’avenir des pépinières se dessine ainsi autour de l’innovation, de la diversification et d’une meilleure résilience face aux aléas climatiques.
Sommaire
Des conditions de culture bouleversées
Depuis quelques années, les pépiniéristes doivent composer avec de nouvelles contraintes. Les sécheresses estivales réduisent la disponibilité en eau et fragilisent les jeunes plants. Les vagues de chaleur provoquent un stress hydrique et ralentissent la croissance des végétaux. À l’inverse, les pluies diluviennes et les hivers plus doux favorisent l’apparition de maladies et parasites.
Face à ces évolutions, il ne s’agit plus seulement de produire en quantité, mais surtout d’assurer la viabilité des plants dans un environnement instable.
Diversification des essences et sélection variétale
Une des premières réponses des pépinières consiste à diversifier les essences proposées. Les espèces méditerranéennes, plus tolérantes à la chaleur et au manque d’eau, gagnent du terrain dans des régions où elles étaient auparavant peu présentes. Les recherches portent aussi sur des variétés hybrides, adaptées à des conditions extrêmes.
C’est par exemple le cas de cette pépinière de Paulownias, qui mise sur un arbre à croissance rapide, particulièrement résistant à la sécheresse. En développant des versions hybrides de paulownia, l’objectif est de proposer une ressource renouvelable, capable de s’épanouir même dans un climat contraignant, tout en absorbant de grandes quantités de COâ‚‚.
Cette logique de sélection et d’innovation végétale sera déterminante pour répondre aux attentes futures des collectivités, des agriculteurs et des particuliers.

L’eau, ressource stratégique
L’eau est sans doute l’enjeu le plus important pour les pépinières. L’irrigation doit désormais être pensée dans une logique d’optimisation maximale. Les systèmes de goutte-à-goutte, l’utilisation de sondes d’humidité, ou encore la récupération des eaux de pluie deviennent des pratiques incontournables.
Certaines structures investissent dans des bassins de stockage, permettant de sécuriser l’approvisionnement en période de restriction. D’autres expérimentent des substrats capables de retenir davantage l’humidité, afin de limiter l’arrosage tout en garantissant la bonne santé des jeunes plants.
Ces efforts s’accompagnent aussi d’une réflexion plus large sur la sobriété hydrique : quelles plantes proposer pour les jardins et les espaces publics afin de réduire les besoins en arrosage à long terme ?
De nouvelles pratiques culturales
Le changement climatique oblige également à repenser les pratiques culturales. L’ombrage partiel, via des serres modulables ou des filets d’ombrage, permet de protéger les plants des coups de chaud. La rotation des cultures et l’introduction d’espèces compagnes renforcent la biodiversité et limitent la propagation des maladies.
Certaines pépinières s’orientent aussi vers une production plus locale, afin de réduire les distances de transport et d’assurer une meilleure acclimatation des plants à leur futur environnement. Cette tendance rejoint une demande croissante des clients pour des circuits courts et des végétaux adaptés à leur terroir.

Vers une filière plus résiliente
Au-delà des techniques de production, l’avenir des pépinières dépendra aussi de :
- Leur capacité à s’organiser collectivement : coopérations entre producteurs, mutualisation des ressources en eau, échanges de savoir-faire pour renforcer la résilience de la filière.
- La sensibilisation des clients : promouvoir des essences résistantes, expliquer l’importance d’un arrosage raisonné ou d’une plantation au bon moment de l’année sont des démarches qui permettent d’impliquer toute la chaîne, du producteur au consommateur final.
Transformer la contrainte en opportunité
Les initiatives comme celles autour du Paulownia montrent qu’il est possible d’allier performance écologique et adaptation climatique. Les prochaines années seront décisives pour transformer en profondeur un secteur au cœur de la transition écologique.

